La Cuisine de Marguerite
La bibliothèque du dredi
La nourriture est faite
vraiment pour tout le monde.
Comme la vie, elle est faite
vraiment pour tous.
Pas la littérature…Marguerite Duras
J’ai toujours été amusé, séduit et attiré par la manière dont Marguerite maniait la langue française, à l’écrit comme à l’oral, pour exprimer humblement et avec humour, ses sentiments et ses souvenirs et pensées intimes…
Mais Marguerite m’a définitivement conquise lorsque j’ai découvert » La cuisine de Marguerite « , un petit livre (14 x 19 x 0.5 cm, 64 pages, ISBN : 2-86744-679-1), recueil posthume de textes, d’entretiens et de photographies rassemblés par Michèle Kastner.
Comme le dit cette dernière en introduction :
MARGUERITE DURAS aimait faire la cuisine et l’affirmait volontiers avec un plaisir non-dissimulé.
Non seulement elle cuisinait mais elle aimait aussi rédiger ses recettes, en inventer parfois les titres dans son cahier rouge, » Le cahier du camion « , disait-elle… Elle songea à en publier quelques unes dans La vie matérielle, le projet fût abandonné.Ce sont ces recettes que nous avons eu envie de donner à lire dans ce livre qui n’a dautre prétention que d’évoquer Marguerite Duras dans une activité quotidienne qu’elle n’hésitait pas, en souriant, à tenir pour aussi créatrice que l’écriture.
Faire pour soi des pommes de terre sautées ou une omelette vietnamienne lui paraissait inconcevable. Marguerite cuisinait pour ses amis, c’était sa façon à elle de leur dire qu’elle les aimait…
La Cuisine de Marguerite est une cuisine populaire et conviviale. Ceux qui s’attendent à trouver dans ce livre des recettes très élaborées seront vite déçus. Certaines sont même laissées dans une imprécision totale, écrites sans façon mais toujours avec cette fraîcheur et cet humour qu’on lui connaissait.
Michèle Kastner
Cet ouvrage contient une trentaine des recettes du « Cahier du camion » de Marguerite…
J’en ai déjà testé plusieurs avec la plus grande satisfaction, d’autant qu’en les mitonnant, Marguerite était toute proche de moi pour me faire sourire et m’aider à bien profiter de tout l’amour qu’elle portait à la recette chargée de souvenirs…
Ainsi je suis fier que, parmi ces bonnes recettes de Marguerite, figurent déjà dans la recette du dredi :
- le porc au caramel (Thit-kô),
- le rougail z’avocats,
- le curry de poulet coco à la réunionnaise.
J’espère pouvoir un jour tester et déguster les 27 recettes restantes, toutes aussi alléchantes et séduisantes les unes que les autres…
Et bien sûr, ne pas oublier son aide-ménager incontournable de la maison de Neauples-le-Château : » la liste des produits qu’il faut toujours avoir à la maison « , établie et calligraphiée de sa main au crayon Conté noir 2B écolier (avec gomme) sur papier bistre (13 x 19 cm), des 25 ingrédients indispensables – et qui sont en fait 42 ! Sacrée Marguerite ! -.
Bon sinon, on peut aussi prendre plaisir à lire – mais pas à déguster – les deux recettes de Marguerite Duraille, imaginées par Patrick Rambaud lors de la sortie de » La cuisine de Marguerite » : la fricassée de mouettes au Vermouth et le gratin de méduses vallée d’Auge !
Bon, désormais, vous aurez du mal à trouver cet ouvrage, sauf éventuellement d’occasion, car Yann Andréa, dernier compagnon de Marguerite et son exécuteur littéraire a, par décision confirmée de la cour d’appel de Paris le 13 septembre 1999, reçu satisfaction à la demande d’interdiction d’exploitation de l’ouvrage, publié sous l’impulsion de Jean Mascolo, fils de Marguerite, demande d’interdiction qu’il avait déposé à la sortie de l’ouvrage…
Suite à cette interdiction, Yann Andréa, ne voulant pas passer « pour un censeur » avait proposé à Jean Mascolo « d’en faire un vrai livre » qui serait publié par Pauvert/Fayard, l’éditeur de Yann Andréa… Toujours est-il que depuis l’ouvrage a été retiré de la vente et du catalogue des éditions P.O.L. sans autre publication…
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Merci d’abord pour ces recettes de Marguerite! Je cherche désespérément ce livre de recettes devenue introuvable pour une soirée « Duras » dans le restaurant (à Nîmes) d’une amie très chère. Je lirai des textes de Marguerite tandis que les spectateurs-dîneurs dégusteront ses recettes. Je connais déjà la recette de la soupe au poireau (absolument géniale et simplissime, le poireau y acquiert ses lettres de noblesse). Je vais soumettre à mon amie les recettes de plats que vous proposez. Mais il nous manque un dessert. Auriez-vous, dans le livre de Marguerite, une suggestion à nous faire? Merci de votre collaboration à notre soirée souvenir!
Bonjour Virginie !
Bonne idée cette soirée culino- littéraire Duras ! Mais c’est bien ce qui me semblait : « La cuisine de Marguerite » n’est guère prolixe en dessert…
Pourtant, Marguerite raffolait des pommes puisqu’elle disait : « S’il n’y a pas de citron, y’a rien… S’il n’y a pas de thé, s’il n’y a pas de Earl Grey, y’a rien… A la rigueur, il pourrait ne pas y avoir de pain, mais s’il n’y a pas de pommes, alors par exemple, y’a rien du tout… »… Et la meilleure preuve, c’est que sur les tables et dessertes de la cuisine et de la salle et manger de la maison de Neauphle, on y voit des plateaux de pommes partout et qu’en plus, preuve suprême, les pommes ne sont pas citées dans la fameuse liste de Marguerite « des produits qu’il faut toujours avoir à la maison » alors que le pain y est au côté du ronron du chat ! Les pommes étaient donc si indispensables à Marguerite qu’elle n’avait nul besoin de les inscrire sur son pense-bête !
Mais, dans le livre, pas de recette aux pommes et juste, en « desserts », la recette d’une confiture d’oranges amères…
Par contre, en « premières de couverture » du livre, on trouve la photocopie de 2 pages de recettes de gâteaux qui semblent bien écrites de la main de Marguerite et provenir d’un recueil très ancien car fort jauni et émietté !
On y trouve les recettes :
- d’un cake (avec option fruits confits ajoutée),
- d’un gâteau non identifié (le titre a été grignoté) mais qui ressemble fort à un gâteau de Savoie levé…
- d’un clafoutis aux cerises,
- d’un gâteau à la crème,
- d’une tarte créole à l’ananas ou aux bananes,
- et d’une tarte au citron !
J’espère que ça va vous aider à organiser un bonne soirée Duras à Nîmes !
j’ai entendu sur france inter il y a quelques jours des extraits d’interview de Marguerite Duras concernant son « syndrome de superposition » comme elle dit, c’est le fait d’avoir en double des produits alimentaires pour être sûre de ne pas en manquer. Elle parlait de la sérénité que ça lui donne. J’aimerais retrouver exactement ce qu’elle a dit, soit le livre dans lequel elle parle de sa fameuse liste de produits, soit ses paroles sur france inter ou france culture.
Qui pourrait m’aider?
merci
Elisabeth
Pour Elisabeth : pour la liste voir http://blog.deluxe.fr/la-recreation/liste-marguerite.html
Pour Elisabeth : Pour l’interview où Marguerite Duras parle de son syndrome de superposition, c’était pour l’émission de France Culture « Le bon plaisir » réalisée en septembre 1984 et diffusée la première fois sur cette radio le 20 octobre 1984 (voir http://inatheque.ina.fr/Ina/ws/dlr/dlweb/general/Record?rpp=50&upp=0&m=2&w=NATIVE(‘ITOUSTEXT+ph+like+ »Marguerite+DURAS »+and+ITOUSTI+ph+like+ »le+bon+plaisir »’)&r=1) (durée 3 heures)…
L’INA, qui a les droits d’exploitation de cette émission, a publié ces entretiens en 2003 sous forme d’un coffret de 4 CD intitulé « Le ravissement de la parole » (voir http://www.discogs.com/Marguerite-Duras-Le-Ravissement-De-La-Parole/release/2453750). Mais ce coffret ne semble plus figurer au catalogue INA…
Par contre l’INA commercialise un coffret de CD (5 heures d’enregistrements) qui comporte probablement le passage que vous recherchez… voir http://boutique.ina.fr/cd/entretiens/entretiens-litterature/PDTINA000073/marguerite-duras.fr.html
Bonjour à tous,
Je recherche également ce livre. Quelqu’un pourrait me le prêter par exemple ? Il est malheureusement épuisé…
Vous pouvez me contacter par email à emiliechary@gmail.com
Merci!
Le livre vient d’être réédité :
http://www.amazon.fr/La-cuisine-Marguerite-Duras/dp/2913645100/ref=dp_ob_title_bk
bonne journée,
Mc
Oui : ce livre a été réédité en octobre 2014 et remis en vente à 9 euros par les éditions Benoît Jacob !
L’interdiction d’exploitation de l’ouvrage, publié sous l’impulsion de Jean Mascolo, fils de Marguerite, obtenue par Yann Andréa fin septembre 1999 est-elle tombée ? En tous cas moi dès que j’ai vu qu’il était remis en vente, j’ai acheté les 3 exemplaires en stock à la FNAC pour des copains et des copines
! Et en plus les 3 exemplaires que j’ai reçu sont de l’édition originale de 1999 !
J’ai compris : Yann Andréa est mort le 10 juillet 2014 ! Du coup, les droits d’exécuteur littéraire que Marguerite Duras lui avait donné par testament sont revenus par héritage à Jean Mascolo ! Enfin !
Inutile donc de mettre 250 euros pour acheter d’occasion ce petit livre merveilleux qui était quasiment introuvable : youpi !