Jeunes pissenlits à la chaude meurotte
Plat, Salade complète
Cette salade tiède « chaude meurotte », c’est une spécialité lorraine qu’aimait faire ma grand-mère Augustine, née à La Harazée, en Argonne en 1882. Elle m’a apprise à la faire avec elle alors que j’étais « le p’tiot » et qu’elle avait 76 ans… Elle la réalisait comme ça, machinalement, avec les pissenlits qu’elle avait ramassés en revenant du lavoir avec sa berouette, sans œufs ni croûtons mais avec sa joyeuse humeur habituelle, et aussi par instinct « maternel » car c’était souvent pour combler le petit creux de ses fils qui ne tarderaient pas à rentrer de leur journée de bûcheronnage en forêt !
Ingrédients (pour 4 personnes) :
- 200 g de jeunes pissenlits (ou, à défaut, de roquette),
- 200 g de pommes de terre (nouvelles de préférence),
- un morceau de 300 g de lard maigre (poitrine de porc) fumé,
- 1 grosse échalote,
- 2 cuillerées à soupe d’huile de ménage,
- 4 cuillerées à soupe de vinaigre de vin,
- poivre fin (et surtout pas de sel !),
et en option : 2 œufs et ou ½ ficelle de pain.
Temps nécessaires :
- préparation : 40 minutes,
- cuisson finale et finition : 10 minutes.
Mettre une grande casserole d’eau à bouillir.
Laver les pommes de terre, sans les éplucher, et les cuire à la vapeur dans un autocuiseur, 10 à 11 minutes après mise en rotation de la soupape : elles doivent rester un peu fermes. Dépressuriser puis retirer le couvercle dès la fin de cuisson et laisser tiédir.
Couper le lard en tranches de 2 cm et le faire blanchir 10 minutes dans l’eau bouillante.
Transférer les tranches de lard dans une passoire à l’aide d’une écumoire et laisser égoutter. Si option œuf, les faire cuire durs 10 minutes dans l’eau bouillante puis les rafraîchir sous l’eau froide.
Mettre un grand saladier en grès, en Pyrex ou en acier inoxydable à préchauffer dans le four à 60°C (thermostat 2).
Prélever les jeunes feuilles de pissenlits, les nettoyer puis bien les laver à au moins 2 eaux et les essorer.
Éplucher l’échalote, la hacher très finement et réserver.
Si les pommes de terre ne sont pas nouvelles, enlever leur peau. Dans tous les cas, les maintenir tièdes.
Si option œufs, les écaler, les détailler en quartiers à l’aide d’un coupe-œuf et réserver.
Découenner le lard, éliminer les cartilages éventuels puis le couper en bâtonnets de 1 x 1 cm de section.
Si option croûtons, couper la ficelle en tranches obliques d’un peu moins de 1 cm d’épaisseur et les faire griller à sec dans une poêle ou au grille-pain.
10 minutes avant de déguster, faire fumer l’huile dans une grande poêle puis y dorer les lardons environ 5 minutes à feu assez doux (thermostat plaque 4/9) en retournant fréquemment.
Disposer la salade, en nid, dans le saladier légèrement chaud.
Couper les pommes de terre en rondelles de 1 cm d’épaisseur.
Les répartir encore tièdes sur la salade.
Parsemer avec l’échalote, répartir uniformément les croûtons grillés éventuels puis les lardons et leur huile de cuisson et enfin les quartiers d’œufs durs éventuels.
Déglacer vivement la poêle avec le vinaigre en ajoutant une bonne pincée de poivre (sauf si vous utilisez de la roquette, celle-ci étant naturellement poivrée) et, lorsque le vinaigre est bien chaud, en arroser la salade.
Servir immédiatement avec de très grands couverts à salade, pour pouvoir servir tous les ingrédients, en une fois, sans avoir à remuer, et déguster aussitôt.
Bonjour !
Je concocte cette salade sans savoir très bien d’où je tiens la recette… Mais qu’est ce que la chaude meurotte ?
Bonjour Isabelle !
Bonne question à laquelle je n’ai pas trouvé de réponse argumentée sur le net mais « à la chaude meurotte », c’est comme ça que les Lorrains qualifient cette salade tiède de pissenlits et de pommes de terre… de l’Argonne jusqu’aux Vosges !
Je n’ai pas réussi à retrouver avec certitude l’origine du mot meurotte… Les Lorrains disent généralement que la meurotte c’est leur sauce vinaigrette à salade… En l’occurence, on pourrait donc penser que la chaude meurotte est constituée de l’huile chaude ayant servi à faire rissoler les lardons et du vinaigre chaud de déglaçage mais est-ce que ça inclût les lardons, mystère… En tous cas, la plupart du temps, les Lorrains ont tendance à mettre des petits lardons rissolés un peu partout et notamment dans leurs salades qu’elles soient tièdes ou froides… Le lardon, c’est en gros, pour les Lorrains, le petit croûton grillé des Parisiens ! Donc que les lardons grillés fassent ou non partie de la meurotte, peu importe : de toutes façons, il y aura des lardons dans la salade !
Une autre chose qui m’a troublé et donne peut-être la clef de compréhension du pourquoi de la meurotte comme vinaigrette lorraine : « meurotte » ressemble fort à « meurette » terme utilisé dans le Poitou, l’Anjou, la Bourgogne, la vallée du Rhône mais pour désigner non pas une vinaigrette mais une sauce au vin rouge léger, terme que l’on connaît par exemple par le biais des oeufs meurette (pochés dans le vin rouge) où la meurette bourguignonne ou matelote bourguignonne, qui est une fricassée de poissons de rivière ou d’anguilles avec lardons et petits oignons mijotés dans un vin rouge de préférence jeune et léger…
En fait meurotte et meurette proviendraient tous deux du gallo « muire » (eau salée provenant de sources salines), lui même issu du latin « muria » (saumure, eau salée). Par ailleurs, le suffixe diminutif « otte » est plus fréquemment employé en substitution du suffixe « ette » en patois lorrain qu’en notre français actuel : par exemple une alouette se dit elouotte, une golotte est un petit ruisseau, les gueurnottes sont les petits grains qui passent à travers le tamis quand on vanne les céréales, une guinguerlotte est une sonnette, une léchotte est une tranche très fine, la belette est appelée marcolotte, une meuchote est une petite miche de pain et une mocotte, c’est une noisette ! Il se pourrait donc fort que meurotte et meurette soient à l’origine deux termes « cousins » utilisés pour désigner une « saumure » douce… Saumure douce utilisée semble-t-il à l’origine pour cuire le poisson et que nos ancêtres agrémentèrent ensuite pour en faire une sauce… D’ailleurs l’ajout de vinaigre dans l’eau de cuisson de poissons pochés est chose encore fréquente !
Enfin, on sait que jusque vers le XVIème au XVIIIème siècle, ces mêmes ancêtres ne maîtrisaient pas toujours la qualité et la conservation de leurs vins et que ceux-ci tournaient vite à la piquette (s’ils ne l’étaient pas dès le début !)… Puisque les termes meurette et meurotte sont d’usage depuis au moins les XIIème ou XIIIème siècle, il est vraisemblable que meurotte et meurette relevaient alors toutes deux de la vinaigrette plus que de la sauce meurette aux bons vins de Bourgogne et d’Anjou…
Par la suite la qualité des vins (rouges notamment) s’est améliorée en Bourgogne, en Anjou et dans la vallée du Rhône et ça a dû donner naissance à la sauce meurette au vin rouge que l’on connaît aujourd’hui… Les Lorrains, eux se sont plutôt concentrés sur la fabrication de bons vins blancs de Moselle ou des coteaux champenois et ont du laisser les cépages à vins rouges pour la fabrication de piquette et de vinaigre… Et c’est peut-être ainsi que la meurotte est restée sauce vinaigrette en Lorraine !
Ca y est notre cuistot préféré a pété une durite : il nous propose une recette à base de pissenlit en juin !! il est bien de la région parisienne pour ne pas savoir que la saison des pissenlits est en février et mars et non en juin. Depuis qu’il est tombé amoureux d’une sénégalaise, on ne le reconnaît plus nôtre René.
OK, Jurine de Fontencomble, mais à mon avis c’est toi qui a pété une durite et depuis belle burnotte (dialecte lorrain) si j’en crois ton pseudo et l’odeur d’ammoniaque que tu laisses par devers toi… Bon l’an prochain, le 15 février, je me pointe chez toi pour manger une chaude meurotte ! On va rigoler ! Si tu n’as pas de pissenlit frais (car si c’est du congelé je porte plainte auprès de ton ami Jean-Pierre Coffe), une petite salade au foie gras et truffe du Périgord (et non pas importé de Chine par la mafia du neuf-zéro…) nous iras très bien (parce que je viendrais avec une vingtaine de copains et copines, les frais de voyage, de gîte et de bouche étant à ta charge… et méfie-toi, j’ai des copains un petit peu partout dans le monde, de Dalian à Washington et Vancouver, en passant par le Sénégal…) !
PS : Ma chère Jurine, vu ton pseudo tu devrais rester raisonnable côté pissenlit car si tu avais un brin de culture maraîchère tu saurais que le pissenlit est diurétique…
Bonjour René,
Cela fait une éternité… On a jamais le temps dans ce fichu monde…
Allez j’apporte une petite contribution : Connais-tu le pourpier ?
On en trouve dans les jardineries avec de belles fleurs d’une couleur quasi irréelle… c’est une sorte de cactée… mais je suis presque sûre que lors de tes promenades nature tu es passé à côté… C’est un ami nommé Francis ancien prof de bio et aujourd’hui sur une péniche qui m’a fait découvrir cette plante. On en trouve partout elle est considérée comme une mauvaise herbe, entre les dalles de ma terrasse il en pousse, celle-là est sans fleur ses tiges sont rouges et feuilles vertes types cactée (j’en ai une photo que je te joins si je peux ici). Donc ce pourpier est comestible hé oui !! Il suffit de la laver, de la couper en petits tronçons, je l’accomode avec des cubes de chèvre frais ou féta, avec une petite vinaigrette avec du vinaigre balsamique, c’est acidulé, croquant, enfin très frais pour une petite salade d’été. Alors avec les enfants ou pas ramassez cueillez cette plante et régalez vous, moi ce me fait penser à certaines algues que l’on consomme en salade. Voili voilà donc la salade de pourpier…
A bientôt
Nath Ô Bulles
Excellente recette.
N’ayant pas de pissenlits sous la main, je l’ai réalisée avec de la roquette. En revanche, j’ai utilisé de l’huile d’olive dans la salade et j’ai fait revenir le lard sans huile mais avec pas mal de vinaigre. Enfin, j’y ajouté quelques champignons émincés (revenus avec le lard en fin de cuisson).
Merci !
Froggy