Bovins : la race Charolaise

Attelage nivernais ou Le sombrage

Attelage nivernais ou Le sombrage, Rosa Bonheur, 1849, Musée d’Orsay.

Tableau de Rosa Bonheur (1822-1899) représentant 2 attelages bovins Charolais du Nivernais pratiquant le sombrage (premier labour), au milieu du XIXème siècle (huile sur toile, 1849, 134 cm x 260 cm, Musée d’Orsay).

    Dénomination

Nom français : Charolaise.
Nom international : Charolais.
Autres noms : aucun.

    Données sur la race

Type : race à viande.
Code type racial : 38.
Origine : race provenant du rameau pie rouge des montagnes, comme l’Abondance, la Montbéliarde et la Simmental ; c’est une race autochtone de Bourgogne utilisée localement de longue date pour le trait et le travail mais dont on ne connait pas avec certitude l’origine ancienne (arrivée d’Europe centrale via le Jura ?) ; au début du XVIIIème siècle, les bocages du Brionnais et du comté de Charolles, au confluent de l’Arconce et de la Loire, étaient des propriétés privées non soumises à un assolement triennal, chose rare à l’époque, et les propriétaires en profitèrent pour y établir des paturages permanents pour y élever des bovins pour une production laitière et de viande. Les bœufs une fois engraissés étaient menées aux foires de Lyon, à une vingtaine de kilomètres au sud, pour y être vendus aux bouchers mais en 1747, Emilien Mathieu innove et il effectue un voyage de 17 jours vers Paris avec son bétail pour le vendre dans la capitale ! En 1773, Claude Mathieu, fils d’Emilien, quitte son village d’Oyé dans le Brionnais avec son cheptel pour s’établir fermier à Anlezy près de Nevers. Là, il défriche et crée de riches herbages pour développer son cheptel : de grandes prairies artificielles apparaissent ainsi dans le Nivernais et se couvrent de belles bêtes blanches dont la conduite nécessite peu de domestiques… Et son exemple est suivi par d’autres Brionnais qui s’installent autour de Nevers. Le bovin Charolais, sélectionné sur ses aptitudes viande-travail, remplace ainsi progressivement le bétail local existant. Puis, en 1830, pour obtenir un engraissement plus rapide afin de diminuer l’âge à l’abattage et le prix de revient des animaux, le Comte de Bouillé croisent les Charolaises de sa ferme du domaine de Villars (Nièvre) avec des Durham blancs, race originaire d’Angleterre. Ces métissages, menés jusqu’en 1843, sont à l’origine de la race dite Nivernaise. Mais la Nivernaise, très performante en tant que race bouchère, est moins rustique, plus exigeante et son aptitude au travail régresse… Les propriétaires s’en tiennent alors à un élevage en race pure qui s’organise défintivement en 1864 avec la publication du Herd-Book de la « Race Bovine Charolaise améliorée dans la Nièvre et connue sous le nom de Race Nivernaise ». En 1882, le Herd Book de la « Race Bovine Charollaise pure » est ouvert à son tour à Charolles puis, en 1920, ces deux livres génalogiques sont fusionnés dans le Herd Book « Charolais » qui n’admet depuis que l’inscription d’animaux dont les parents figurent déjà au Herd Book.
Livre généalogique : oui, depuis 1864 pour la variété Nivernaise, 1882 pour la Charollaise pure et 1920 pour la Charolaise à partir de la fusion des deux livres généalogiques précédents.
Apport d’autres races : Durham sur environ 5% des saillies de 1830 à 1843, pour la variété Nivernaise.
Diffusion outre France : Le premier bœuf Charolais émigré posa sa première patte au Mexique en 1920 et devant le succès rencontré par ce beau bœuf, le  Syndicat Central d’Exportation de Reproducteurs de la Race Charolaise fût créé en 1921 ! Aujourd’hui,  la race est présente dans plus de 70 pays sur les 5 continents ; elle y est élevée en race pure issue des souches françaises ou en races croisées avec des espèces locales… Les pays détenteurs des plus grands cheptels en race pure, sont, après la France, le Brésil avec 40.000 têtes puis l’Irlande avec 8.000 têtes. 
Organisme responsable de la race : UPRA Charolaise – Résidence Saint Gildard, 8 rue de Lourdes – BP222, 58002 Nevers Cedex. Il existe également de nombreux herd-book tenus nationalement dans des pays étrangers.
Reconnaissance par le Ministère français en charge de l’Agriculture : oui.
Considérée par la FAO comme : race améliorée.
Maintien et protection : non en danger et non maintenue.

    Répartition et cheptel

Répartition géographique : en France, elle est présente dans plus de 80 départements, avec une forte représentation avec dans ses deux grandes zones traditionnelles d’élevage : le nord-est du Massif-Central dont elle est originaire et la Vendée.
Adaptation climatique : du fait de ses origines rustiques, la Charolaise s’adapte facilement à des climats divers comme ceux du Mexique, du Canada, du Brésil, de l’Ukraine… et sa capacité à mobiliser des réserves graisseuses lui permet de prospérer en période de disette dans des régions sèches.
Cheptel français (données BRG 2005) : environ 4.500.000 têtes dont 75.000 reproducteurs (30% reproduisant en insémination artificielle) et 1.600.000 reproductrices (dont plus de 100.000 inscrites au livre généalogique, 190.000 inscrites au contrôle des performances et 400.000 enregistrées), 95% reproduisant en race pure. Elle occupe ainsi la 1ère place des races à viande en France, loin devant la Limousine puis la Blonde d’Aquitaine… mais est cependant moins que nombreuse que la laitière Prim’Holstein qui a près de 6.000.000 de représentants !

    Morphologie et stature

Aspect général : animal de taille moyenne mais très musclé, longiligne, avec une ossature robuste, une encolure courte peu chargée de fanon, une poitrine profonde et des côtes rondes se fondant avec des épaules larges, un dos horizontal très musclé, une ligne du ventre parallèle à celle du dos, des reins très large et épais, des hanches légèrement effacées mais très larges de même que la croupe, une culotte rebondie et très descendue et des membres courts et trappus.
Hauteur au garrot à l’âge adulte : environ 145 cm pour le mâle et 140 cm pour la femelle.
Poids à l’âge adulte : environ 1.150 kg pour le mâle et 750 kg pour la femelle.

    Aspect

a gauche Madame Charolaise et son petit et à droite, Monsieur Charolaise… (Crédit photographique : AgroParisTech). 

Robe : unicolore blanche ou quelque fois crème, sans taches, avec une peau d’épaisseur moyenne mais très souple et un poil mi-long.
Peau et muqueuses : peau blanche et muqueuses blanc rosé.
Tête : petite, courte, avec un front large et légèrement convexe surmonté d’un petit chignon rectiligne, un chanfrein droit et court, des oreilles moyennes, minces et peu garnies de poils, des yeux grands et saillants, des joues fortes et un mufle large de couleur rosé.
Cornes : cornes uniformément blanches, à section ronde, plutôt courtes, et se développant en croissant horizontal.
Membres : courts, bien d’aplomb et bien charpentés, du haut jusqu’au bas.
Queue : sans saillie trop prononcée, effilée et terminée par une touffe de crins fins.

    Ses qualités

Race bouchère très docile se prêtant à un élevage facile en troupeaux comprenant de nombreux effectifs, avec une grande longévité, un potentiel de croissance exceptionnel et une efficacité alimentaire élevée permettant de valoriser des fourrages grossiers grâce à une importante capacité d’ingestion.
Qualités bouchères : sa viande au grain persillé d’une grande finesse alliée à une faible teneur en gras en fait un produit de référence de très haute gamme apprécié dans le monde entier, particulièrement lorsqu’il s’agit de viande des mâles castrés, même si les rendements carcasses sont loin de rivaliser avec les 70% d’autres races telles que la Blanc Bleu ; le poids des bêtes est de 300 kg pour les jeunes mâles de 7 mois et de 500 kg à 18 mois (avec un rendement carcasse de 50%), de 390 kg pour les jeunes femelles de 18 mois (avec un rendement carcasse de 65%), de 420 kg à 21 mois (avec un rendement carcasse de 50%), de 390 kg pour les mâles castrés de 33 mois (avec un rendement carcasse de 55%) et de 350 kg avec un rendement carcasse de 60%) pour les  femelles de 38 mois.
Le Label Rouge « Charolais du Bourbonnais » garantit une viande provenant d’animaux élevés et abattus en Bourbonnais, l’élevage se pratiquant en paturage avec une alimentation à l’herbe les trois quarts de l’année et à l’étable avec une nourriture à base de fourrages et de céréales pour les trois mois restants.
Le Label Rouge « Charolais Label Rouge » garantit lui une viande provenant de bœufs d’au moins 30 mois ou de génisses d’au moins 28 mois.
Qualités laitières : race allaitante dont le lait est réservé à l’élevage des veaux ; sa production laitière est la plus élevée des races à viande.
Qualités reproductrices : bonne capacité de reproduction, avec un taux de gémellité assez élevé (près de 5%) et 92 % de vêlages faciles, excellente capacité d’allaitement des veaux grâce à sa production laitière abondante et qualités maternelles indéniables avec un instinct maternel et une attention et des soins apportés aux veaux exceptionnels.
Autres qualités : en croisement, le taureau charolais apporte des qualités bouchères très marquées sur les produits de croisement avec des races rustiques (Aubrac, Salers, …) ou laitières. En 2000, en France, sur les 500.000 vaches de races diverses croisées pour la production de viande, près de 40% l’ont été avec un taureau charolais ; à l’étranger, depuis près d’un siècle, la race Charolaise a été très fréquemment utilisée en croisement pour améliorer les qualités et les performances bouchères de races locales ainsi même que pour la création de nouvelles races comme le Charbray aux États-Unis, issu du croisement entre la race Charolaise et des zébus de race Brahmane ou du Canchim au Brésil, résultat du croisement de la race Charolaise et avec des zébus de race Indubrazil.

    Pour en savoir plus…

- Le site très documenté sur la Charolaise de l’UPRA en charge de la race,
- La page sur la race Charolaise de l’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement,
- La page consacrée au Label Rouge Charolais du Bourbonnais,
- La page consacrée au Label Rouge Charolais Label Rouge,
- La page sur la race Charolaise du site Vaches du Monde,
- La page de données sur la race Charolaise du Bureau de Recherches Génétiques, organisme gouvernemental français.

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (1 votes, moyenne : 5,00 sur 5)
Loading ... Loading ...

Mots-clefs :

Vous pouvez suivre les réponses à cet article via le flux RSS 2.0. Vous pouvez commenter, ou faire un trackback depuis votre site.
Imprimer Imprimer

Réagissez