Œufs sur le plat au bacon
Plat, Petit-déjeuner ou En-cas réconfortant !
Une recette que j’affectionne particulièrement pour la tranche de vie exposée à la fin de cet article….
Ingrédients (pour 2 personnes) :
- 2 tranches de bacon à griller (des longues épaisses ou minces avec gras, nature ou fumées, selon… bon avec des rondes sans gras ça le fait aussi…),
- 4 œufs,
- 1 noix de margarine,
- sel et poivre du moulin.
Temps nécessaires :
- préparation : 1 minute,
- cuisson : 5 à 10 minutes.
Dans deux poêles faire fondre une demi-noix de margarine et y faire rissoler les tranches de bacon des deux côtés à feu doux (thermostat plaque 3/9) si elles sont minces ou à feu moyen (thermostat 5/9) si elles sont épaisses.
Dans deux tasses, casser les œufs et une fois les tranches de lard bien grillées, ajouter les œufs délicatement et poursuivre la cuisson jusqu’à ce que le blanc commence à caraméliser et avant que le jaune ne commence à cuire (thermostat plaque 3/9). Vers la fin de la cuisson, poivrer les jaunes et le lard et saler le blanc.
Faire glisser le contenu des poêles sur les assiettes de service et servir bien chaud… avec du pain bien frais s’il y en a !
Fin août, il y a 20 ans, on faisait une croisière à la voile en Corse avec Jean-François, un copain chef de bord, Anne, son épouse, Marie-Claire, une collègue et copine à moi, ainsi que le frère cadet et la petite demi-sœur de Marie-Claire…
Deux jours avant la fin de la croisière, comme prévu, on atterrit à Bonifacio… De manière particulière d’ailleurs… Car arrivant des Îles Sanguinaires et entrant dans la bouche de Bonifacio avec un doux vent du sud, chacun admirait ce superbe endroit … Arrivés au milieu de la rade, on décide de mettre le moteur en route… pas moyen de le démarrer… les batteries étaient à plat car le frère de Marie-Claire avait mis le frigo en route pour que sa boisson gazeuse favorite soit bien fraîche… Moralité, manœuvre en urgence pour essayer de chopper le flotteur d’un corps mort repéré au milieu de la rade, une trentaine de mètres avant les bateaux arrimés au quai… mais on avait trop d’erre : flotteur raté… Plus qu’une issue : accoster sur les bateaux à quai en faisant un minimum de dégâts… Au bon moment, on fait un S pour se présenter flanc à flanc avec ces bateaux et on les accoste avec un frotti-frotta minimum… Mais les occupants qui prenaient l’apéro peinards avant notre débarquement n’étaient pas vraiment heureux… Enfin… on avait réussi à se poser en douceur sans que personne n’y laisse un doigt, une main, un bras ou une jambe et sans dégâts pour les bateaux… Pour continuer, séance d’annexe à la rame contre le vent vers un ponton et retour vers le bateau avec une longue amarre qu’on avait emmenée pour hâler le bateau sur le ponton… Bon, on finit par arrimer le bateau au ponton et on met les batteries à recharger. Mais avec toutes ses conneries, les magasins d’alimentation sont fermés… plus question de refaire le plein de provisions de bouche…
Le lendemain matin, au lever vers 7 heures, la météo marine est dubitative : des orages violents pourraient se manifester toute la journée dans le coin… Comme il sera difficile de faire le retour en un seul jour pour rendre le bateau et reprendre l’avion à temps, on décide de partir fissa… Sortie express de la bouche au moteur car les batteries sont rechargées, par un vent du sud qui monte, on coupe le moteur et on vire à l’ouest avec une mer déjà pas mal agitée… 30 minutes plus tard, en approchant de l’extrémité sud-ouest de la Corse, ça commence vraiment à souffler très très fort avec des pointes à 60-70 nœuds (100 à 120 km/h), la mer est très agitée et le ciel se couvre… Le capitaine, son épouse, la demi-sœur et le frère de Marie-Claire, après avoir rendu hommage à saint Raoul rejoignent illico leurs couchettes …. Marie-Claire et moi, on réduit la voilure au maximum et on s’accroche à la barre… Quelques minutes plus tard, on voit voler quelque chose qui amerrit 50 mètres devant nous : c’est l’anémomètre de la tête de mât qui vient de nous quitter… Plus d’indications de la force ni de la direction du vent… Bon, le vent, on sent bien d’où il vient… et sa force… on se doute… On fera sans…
Toute la journée, on se bat avec le vent et des vagues en tous sens en se relayant à la barre et à la navigation pour essayer de continuer à savoir tant bien que mal où on se trouve (car à l’époque pas de GPS…) et, vu l’ambiance, on navigue surtout à l’estime avec les indications du loch… en cherchant à garder du large avec la côte… Vers midi, on se dit qu’on se calerait bien avec un petit truc à manger sur le pouce : il restait quelques quignons de pain, du saucisson, des tucs, du pain d’épice, du chocolat… Mais on a beau chercher en bas : plus rien dans le garde-manger… Le frère de Marie-Claire, dans un état second, finit par nous confier qu’il a tout mangé dans la matinée car il avait faim… Comme il est hors de question de se faire réchauffer une boîte de cassoulet dans cette ambiance d’auto-tamponneuses et qu’on n’est pas trop chauds pour manger la dite boîte froide et aller rejoindre illico les autres en bas, Marie-Claire et moi, on prend notre fringale en patience…
Vers 19 heures, le temps se calme et se lève et on devine un truc qui pourrait être l’entrée de la baie de Propriano d’après nos estimations… Ça fait encore un bout de chemin pour atteindre Propriano, une douzaine de miles, mais c’est quand même plus près qu’Ajaccio et, vue l’heure, on se décide d’aller passer la nuit-là…
Et, là, après 12 heures de tabac… pétole… Sur le coup de 21 heures 30, la nuit tombe et on n’avance plus du tout… à ce rythme là, on n’est pas rendus… On décide donc d’allumer les feux du bateau et de finir au moteur… Mais-là, surprise : le frère de Marie-Claire a inversé le commutateur de batterie port/route pour remettre le frigo en route, le matin, en descendant dans la cabine, et les batteries sont de nouveau déchargées ! Ce qui fait qu’on doit finir à la voile et sans feux, si ce n’est nos lampes torches, et avec la corne de brume à portée de main pour nous signaler au cas où !
Bref (?), on arrive à Propriano vers 2 heures du matin et on s’amarre comme des chefs après 2 ronds de reconnaissance par nuit noire dans l’avant-port… Et là, une fois amarrés, on souffle un bon coup et on se dégourdit les jambes sur le quai… et pendant que les autres roupillent, on réalise avec Marie-Claire que c’en est fini de cette galère, qu’on a faim et que même si on est vidés, on ne va pas finir cette « journée » bêtement comme ça : allez hop, on se fait des œufs au bacon ! Mais, dans la cabine, l’odeur et le fricotis du bacon qui rissole réveille le frère de Marie-Claire qui nous dit : «Eh, y’en a qui dorment !» et Marie-Claire et moi en chœur : «Oui et y’en a d’autres qui mangent !»… Il s’est rendormi aussi sec… en tous cas, on ne l’a plus entendu jusqu’à l’arrivée à Orly, après un bon savon qu’on lui a passé le lendemain matin…
Et bien, après ça, je peux vous dire, les œufs au bacon, ça a l’air tout con comme ça …mais pour redonner le moral et laisser un bon souvenir après une bonne galère, il n’y a rien de tel !
Bonjour René !
Un grand merci pour votre accueil ! Si j’avais su que j’allais être accueillie comme ça sur la blogosphere eh bien je l’aurai fais plus tôt ! Ca me touche beaucoup ! : )
Baïa
Miaaaaaam !! Ca me rappelle les petits déjeuners que nous faisait ma cousine quand nous sommes allez la voir en Angleterre !
Prochain achat aux courses : du bacon !! Merci pour la recette !! =)
votre mésaventure est merveilleusement drôle et bien racontée qui nous fait imaginer le petit-frère sale gosse par qui tous les problèmes arrivent ou presque…