Bovins : la race INRA95
S’agit-il vraiment d’une race bovine ? En tous cas, elle est reconnue comme telle par le ministère français en charge de l’agriculture !
Quand j’ai découvert et compris l’histoire de l’INRA95, ça m’a fait penser à une sorte de ruche bovine : quelque part en France, il y a une étable-ruche avec une centaine de reines vaches qui pondent des veaux mâles et femelles pour reproduire la population de la ruche… et une trentaine de taureaux ouvriers qui, accessoirement, fécondent les reines mais surtout produisent le nectar de la ruche : leur sperme… Celui-ci, cryogéné est ensuite vendu et utilisé pour féconder par insémination artificielle des dizaines de milliers de vaches d’autres races pour produire des jeunes bovins métis au développement rapide donnant une bonne viande standardisée et après un temps d’engraissement minimum !
- Dénomination
Nom français : INRA95.
Nom international : INRA95.
Autres noms : aucun.
- Données sur la race
Type : race à viande.
Code type racial : 95 (d’où le 95 de son nom).
Origine : l’INRA95 est le résultat d’un programme de recherche, engagé en 1968 par l’INRA, pour développer une lignée de bovins mâles culards à hypertrophie musculaire destinée à des croisements terminaux par insémination artificielle de femelles d’autres races pour la production de bêtes de boucherie au développement rapide ; entre 1968 et 1971, l’INRA a ainsi constitué un troupeau souche de 140 femelles de différentes races qui présentaient le caractère culard : essentiellement Blonde d’Aquitaine et Charolaise mais aussi Limousine et Maine Anjou ; ces femelles ont été croisées avec 150 bovins culards de races Blonde d’Aquitaine, Charolaise, Limousine, Blanc Bleu Belge, Maine Anjou et Piémontaise en procédant à des croisements de races pour bénéficier des effets de vigueur associée aux recombinaisons génétiques puis une sélection a été faite sur les aptitudes bouchères des veaux obtenus.
Aujourd’hui, deux lignées INRA95 sont menées conjointement :
- la lignée CH.BA créée en 1967-68 à base de fondateurs Charolais et Blonds d’Aquitaine, qui comprend environ 60 vaches et fait l’objet d’une reproduction en noyau fermé (accouplements avec des taureaux issus de la lignée) ;
- la lignée CH.XX constituée en 1971-72 à partir de Maine-Anjou, de Limousine et de Blonde d’Aquitaine et qui a fait l’objet de 1982 à 2003 d’une reproduction en noyau ouvert (accouplements avec des taureaux culards Charolais, des Blanc Bleu Belges et des INRA95) et qui comprend environ 40 vaches,
…et les taureaux et les vaches INRA95 sont accouplés pour procréer les veaux destinés à la sélection (mâles) et au renouvellement de la souche (femelles) ainsi qu’à la production de semence.
Celle-ci, après cryogénation, est commercialisée pour féconder par insémination artificielle des femelles d’autres races (par exemple Prim’Holstein, Blonde d’Aquitaine, Limousine, Charolaise…) dans le but de produire des veaux au développement plus rapide et de meilleure conformation que ceux obtenus par reprodution en race pure.
Les deux lignées du troupeau souche sont élevées et gérées par l’UE333 de l’INRA dans le domaine expérimental de la Verrerie dans le Tarn : les veaux mâles sont sélectionnés sur leurs performances en station expérimentale de 0 à 120 jours (vitesse de croissance, efficacité alimentaire, …) ainsi que sur celles de leur descendance croisée de veaux élevés en fermes. La semence des meilleurs taureaux du troupeau souche est agréée pour une diffusion commerciale par la société Midatest et celle des tout meilleurs sert à procréer la génération suivante du troupeau souche.
Livre généalogique : non.
Apport d’autres races : la constitution de la lignée CH.XX a utilisé des reproducteurs de race Piémontaise, en provenance d’Italie, entre 1973 et 1995, sur environ 1% des saillies annuelles, Maine-Anjou et Limousine, en provenance de France, entre 1973 et 1995, sur environ 1% des saillies annuelles, Blanc Bleu Belge, en provenance de Belgique, entre 1973 et 1995, sur environ 1% des saillies annuelles, Charolaise, en provenance de France, jusqu’en 2003, sur environ 8% des saillies annuelles et Blonde d’Aquitaine, en provenance de France, jusqu’en 1997, sur environ 1% des saillies annuelles.
Diffusion outre France : si les deux lignées du troupeau souche sont cantonnées actuellement dans le Tarn, la semence cryogénée, elle, n’a pas de frontière !
Organisme responsable de la race : INRA Station de Génétique Quantitative et Appliquée, Domaine de Vilvert, 78352 Jouy-en-Josas cedex.
Considérée par la FAO comme : race spécialisée.
Maintien et protection : par conception, la race est à faibles effectifs mais n’est évidemment pas en danger.
- Répartition et cheptel
Répartition géographique : domaine expérimental de La Verrerie à Carmaux dans le Tarn (81400 Blaye-les-Mines) ; ce domaine a une superficie de 216 hectares.
Adaptation climatique : celui du domaine expérimental de La Verrerie à Carmaux pour le troupeau souche et celui de la maman pour les veaux métis !
Cheptel français (données BRG 2005) : le troupeau souche a environ 250 têtes avec environ 45 reproducteurs (reproduisant tous en insémination artificielle et, pour l’essentiel, en croisement en dehors du troupeau souche) et 100 reproductrices (toutes enregistrées, inscrites au contrôle des performances et reproduisant en race pure) ; par contre, le nombre de vaches inséminées avec des taureaux INRA95 est d’environ 70.000 depuis les années 1990 ; à noter que, dans les années 1980, la préférence des éleveurs pour des veaux à robe claire non tachée, plus facilement valorisables dans la filière viande (par référence aux grandes races traditionnelles Charolaise, Blonde d’Aquitaine et Limousine), a conduit à un très grand succès de la semence du taureau Uhlolotte dont les veaux étaient blancs et en outre petits à la naissance : certaines années, 2/3 à 3/4 des inséminations ont été faites avec ce taureau INRA95 ! Mais si une robe colorée ou bariolée a limité la valorisation dans le passé, elle n’est plus un obstacle majeur. Dans le Sud-Ouest de la France, les inséminations avec l’INRA95 remplacent aujourd’hui une partie des reproductions en race pure des races à viande traditionnelles (Limousine et Blonde d’Aquitaine). Par contre, sur l’ensemble de la France, le nombre des inséminations artificielles en croisement avec des races laitières a eu tendance à diminuer depuis les années 1990 en raison des quotas sur le nombre de vaches laitières.
- Morphologie et stature
Aspect général : animal d’assez grande taille avec une hypertrophie musculaire associé au gène mh des bovins culards.
Hauteur au garrot à l’âge adulte : 145 cm pour le mâle et 139 cm pour la femelle.
Poids à l’âge adulte : environ 1.050 kg pour le mâle et 740 kg pour la femelle.
- Aspect
La sélection s’attachant à la conformation et aux performances de croissance des animaux, leur aspect, mis à part leur conformation générale, n’a pas vraiment aujourd’hui de caractéristiques typiques mais présente une grande variété héritées des différentes races qui ont servies à la création de la race INRA95.
Robe : très variable, elle peut être blanche, rouge, noire, bleue avec toutes les combinaisons possibles.
Peau et muqueuses : peau blanche à légèrement foncée et muqueuses claires à foncées.
Tête : plutôt courte et massive.
Cornes : peu développées ?
Membres : membres courts et solides.
Queue : attachée haut…
- Ses qualités
Permet de résoudre les difficultés de vêlage et de soins maternels des élevages en race pure de bovins culards, tout en conduisant à une croissance rapide et une bonne qualité bouchère des jeunes bovins obtenus par croisement.
Qualités bouchères : l’hypertrophie musculaire transmise par les taureaux INRA95 aux veaux métis obtenus avec d’autres races se caractérise par une multiplication du nombre de fibres musculaires conduisant à une amélioration des aptitudes bouchères tant en terme de conformation que de performances d’abattage : meilleure croissance musculaire, faible précocité des dépôts adipeux et qualités de carcasse et de viande beaucoup plus favorables. La qualité des carcasses des veaux croisés INRA95, obtenue sans traitement aux hormones, leur donne un atout commercial stratégique sur un marché ou l’image de la viande est devenue déterminante vis-à-vis du consommateur. Depuis 1993, les partenaires de la filière ont d’ailleurs créé pour le Sud-Ouest la marque MIDAVO qui identifie les veaux issus des meilleurs taureaux INRA95 pour assurer la promotion de leur filière.
Qualités laitières : sans intérêt ; les veaux de la souche sont nourris en allaitement artificiel jusqu’à leur sevrage vers 4 mois.
Qualités reproductrices : le caractère culard est associé à une réduction notable des performances de reproduction et des qualités maternelles et rend difficile l’élevage de troupeaux de bovins culards en race pure ; le processus d’insémination de vaches d’autres races par les taureaux culards INRA95 sélectionnés par L’INRA évite cette difficulté.
Autres qualités : haut niveau de sélection des reproducteurs.
- Pour en savoir plus…
- La fiche de L’INRA sur son programme Bovin INRA95,
- Bilan génétique de 15 ans de sélection du troupeau souche INRA95, A. Vinet, F. Ménissier, G. Caste, S. Astruc, G. Renand, INRA, 13ème journées Rencontres Recherches Ruminants, 2006, pp. 225-208.
- INRA95 : une lignée mâle composite cularde pour le croisement terminal, C. Legault, F. Ménissier, P. Mérat, G. Ricordeau, R. Rouvier, INRA, INRA Productions Animales Hors-série, 1996, pp.45-48.
- La page de données sur la race INRA95 du Bureau des Ressources Génétiques, organisme gouvernemental français.
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Pour louhati nabil : voir la base de données FAO.
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