Bovins : la race Combat

Taureau de race Combat (crédit photographique : AgroParisTech - France UPRA Sélection).

Je les entends rire comme je râle
Je les vois danser comme je succombe
Je pensais pas qu’on puisse autant
S’amuser autour d’une tombe

Est-ce que ce monde est sérieux ?

Et oui, la race de bovin française Combat est élevée pour des corridas… Ces trucs que certains considèrent comme un art où des tortionnaires tuent des bêtes implacablement et à petit feu, rien que pour le spectacle… Mais Francis Cabrel a exprimé bien mieux que moi ce que je pense de cette mascarade rituelle, cruelle et funeste… dont le taureau est le seul à ne connaître ni la règle, ni la fin inéluctable… Pour les amateurs de ce soit-disant noble art, j’ai lu que la sélection des races Brava et Combat, si elle s’appliquait évidemment à écarter les « tueurs », les taureaux trop agressifs qui risqueraient de s’en prendre aux hommes en habit de « Lumière » (pas celle du siècle du même nom en tout cas…), privilégiait aussi la descendance des animaux préférant s’obstiner en toutes circonstances à s’attaquer au bout de tissu qu’agite leur bourreau plutôt qu’à lui… On dope également les taureaux pour les calmer ou les exciter avant qu’il n’entre dans l’arène pour qu’il soit juste agressif comme il faut et à la main de leurs tortionnaires… Eh ! On a beau être matador, on en tient pas moins à sa peau, à ses boules, à ses oreilles… et puis, le but de la corrida, ce n’est pas de présenter des combats incertains d’hommes aidés de chevaux contre un taureau mais de montrer comment l’homme dans son « infinie beauté et supériorité » va une nouvelle fois tuer le taureau dans les « règles de l’art »… On pensait qu’avec la mort de Franco, ce triste spectacle funèbre allait s’éteindre…mais au contraire…, les corridas et les novilladas sont de plus en plus nombreuses : leur nombre a été multiplié par plus de 30 en 50 ans… Ainsi, en 2007, à raison de 6 taureaux par corrida ou novillada (corrida pour jeunes toreros avec des taureaux âgés de 3 à 4 ans), plus de 12.000 en Espagne et plus de 400 en France y ont laissé leur peau…

Bon… Mais comme la Combat est aussi une race de bovins à viande qui peut être abattue non sauvagement pour être consommée sous Label AOC, je ne pouvais pas faire autrement que de la décrire et lui rendre hommage ici, au même titre que les autres races bovines françaises…

    Dénomination

Nom français : Combat.
Nom international : Fighting Bull.
Autres noms : Brava, Race bovine de combat, Taureau de combat.

    Données sur la race

Type : race à viande.
Code type racial : 51.
Origine : la race Combat française est en fait un sous-ensemble de la race Brava ou Toro de Lidia espagnole dont elle descend en ligne pure et directe ; la Brava, et donc la Combat, appartiennent au rameau dit ibérique qui serait le résultat ancien du croisement entre des Aurochs arrivés via les Pyrénées en Espagne et d’une variété de Bos taurus Africanus (l’ancêtre du rameau des Brunes) venue de la vallée du Nil et qui, poussée par la désertification du Sahara, serait arrivée en Espagne par le détroit de Gibraltar au cours de la préhistoire, les deux s’étant apparemment rencontrés quelque part en Andalousie pour unir leurs races… La tradition des bêtes bovines de combat n’est pas récente : elle remonte au moins aux jeux du cirque des Romains, il y a plus de 2.000 ans… Ses premières traces historiques en Espagne remontent au IXème siècle et dès le début du XVIIème siècle existaient en Espagne des « élevages » de « Brave » (nota : en espagnol bravo signifie sauvage…). Contrairement aux autres élevages qui visaient, entre autres, à améliorer la docilité du bétail, celui des Brava visait à privilégier le caractère agressif des bêtes. Après la découverte de l’Amérique, des animaux ont été exportés dans les colonies espagnoles pour nourrir les conquistadors et y pratiquer la tauromachie ; ces animaux ont également été à l’origine de races de vaches de cow-boys dont la plus connue est la Texas Longhorn (croisement de vaches ibériques et de longhorns anglaises). Les Brava mirent le pied en France pour la première fois en 1869, l’éleveur Joseph Yonnet en ayant importé un troupeau des vallées espagnoles et portugaises pour l’élever dans son domaine de Faraman en Camargue. Dans le sud de la péninsule ibérique (Extremadure et Andalousie en Espagne, Alentejo et Algarve au Portugal), des caractères biologiques anciens de la race ont été préservés du fait de la conservation d’un élevage libre sur des terroirs arides et pauvres soumis à une longue sécheresse estivale.
Livre généalogique : oui, créé en 1996 en France pour la race Combat.
Apport d’autres races : dans les années 1950, une partie des saillies des élevages de Combat fût réalisé par des taureaux Brava en provenance d’Espagne.
Diffusion outre France : en Espagne, il existe environ 180.000 têtes de race Brava ; on en trouve également au Portugal (où les mises à mort sont interdites lors des corridas) ainsi que dans les pays d’Amérique Latine ayant des traditions tauromachiques.
Organisme responsable de la race : Association des éleveurs français de taureaux de combat, Mas du pont de Rousty, 13200 Arles.
Reconnaissance par le Ministère français en charge de l’Agriculture : oui, en tant que race locale (plus de 30% de génitrices dans un seul département ou de 70% de génitrices dans 3 départements adjacents) et à effectifs réduits (moins de 4.000 génitrices).
Considérée par la FAO comme : race sauvage.
Maintien et protection : non en danger et maintenue.

    Répartition et cheptel

Répartition géographique : en France, uniquement en Camargue où la race se trouve dans une trentaine d’élevages allant de 10 à plus de 100 têtes.
Adaptation climatique : bête de vallée résistante à la chaleur adaptée aux climats chauds et humides ou avec alternance sec-humide, comme par exemple, en France, la Camargue et qui peut également supporter une période de jeûne estival en exploitant de rares fourrages grossiers et secs, comme par exemple au Mexique et au Texas.
Cheptel français (données BRG 2005) : environ 6.000 dont 40 reproducteurs et 2.000 reproductrices reproduisant toutes en race pure.

    Morphologie et stature

Aspect général : animal de taille moyenne avec un poitrail et une musculature avant beaucoup plus développés que la croupe et la musculature arrière.
Hauteur au garrot à l’âge adulte : environ 130 cm pour le mâle et 125 cm pour la femelle.
Poids à l’âge adulte : environ 500 kg pour le mâle et 300 kg pour la femelle.

Et oui… tous les taureaux de combat ne sont pas noirs… Il y en a même des tachetés comme ce beau spécimen ! (crédit photographique : Christophe Chay)

    Aspect

Robe : unicolore à dominante noire ou brun noir, parfois teintée de marron ou de rouge, quelquefois grise, blanche ou tachetée.
Peau et muqueuses : peau noire ? ; muqueuses foncées.
Tête : front large et déprimé avec des yeux ornés de larges sourcils et un maigre toupet frontal ; oreilles petites, fines et pendantes.
Cornes : très développées et puissante en lyre basse dirigée vers l’avant, de couleur grise crème avec les bouts noirs.
Membres : courts et fins mais d’une grande solidité, avec des onglons noirs et une musculature beaucoup plus développée à l’avant qu’à l’arrière.
Queue : fine, très longue et bien plantée avec un toupet terminal de crins noirs allant jusqu’au sol.

    Ses qualités

C’est un bovin très rustique de taille moyenne et à squelette léger mais très athlétique, endurant à la marche sur de très longues distances et bon coureur ; il est fait pour la vie à l’état sauvage en troupeau, le taureau veillant sur son troupeau et utilisant son caractère combattant pour le défendre.
Outre son rôle comme animal de combat dans des « jeux du cirque » aussi bêtes que méchants, c’est une race à viande exclusivement qui n’a jamais servi pour la traction, son caractère indépendant s’y accommodant mal ; dans les régions dont cette race est issue, les besoins en traction étaient donc assurés par des chevaux ou des ânes et, comme les vaches sont en plus de piètres laitières, la production des fromages étaient assurée grâce à des chèvres ou des brebis…
Logo de l’AOC Taureau de Camargue.Qualités bouchères : la race de Combat partage l’AOC « Taureau de Camargue » avec la race Raço di Biou et les animaux obtenus par croisement entre ces deux races ; la viande a des caractéristiques particulières liées aux conditions d’élevage en liberté de ces animaux athlétiques dans de vastes espaces sauvages à la végétation particulière : la viande, très peu grasse et à grain fin, est d’un rouge vif et très goûteuse. La reconnaissance du « Taureau de Camargue » en tant qu’appelation contrôlée a été la première attribuée en Europe à une viande bovine. Pour en bénéficier, les animaux doivent être nés et avoir été élevés, abattus et découpés en Camargue, être répertoriés au livre d’inventaire des cheptels, disposer d’une surface minimale de landes et de prairies de 1,5 ha par animal, pâturer pendant six mois de l’année en zone humide, la pâture pouvant être complétée en hiver avec du foin et des céréales de la zone ; les animaux qui se produisent en manifestations taurines sont exclus de l’AOC.
Qualités laitières : la maigre production de lait est réservée pour l’allaitement des veaux.
Qualités reproductrices : les vaches vèlent et élèvent leur veau sans aucune assistance.
Autres qualités : la race Combat est utilisée pour les corridas, les novilladas et des manifestations taurines ; comme pour la race Raço di Biou, l’utilisation pour des « spectacles » taurins est le principal objectif des élevages de Camargue et la promotion de la viande bovine de ces deux races ne vise pas une production accrue de leur viande ou un développement plus grand du cheptel à cette fin.

    Pour en savoir plus…

- La page sur la race Combat de l’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement,
- La fiche relative à l’AOC Taureau de Camargue,
- La page de données sur la race Combat du Bureau de Recherches Génétiques, organisme gouvernemental français.

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