Aujourd’hui 24 janvier : saint Théoxane ?
Saint Théoxane
Ce saint est répertorié par Nominis au 24 janvier mais sans aucune détail sur lui… Depuis qu’il est apparu sur le site Nominis, de nombreuses personnes ont recherché qui il pouvait être mais en vain : il ne semble répertorié ou cité par aucun martyrologe ou synaxaire…
Pas de sainte Théoxane non plus car ce saint plus inconnu que le soldat de l’Arc de Triomphe aurait très bien pu, contrairement à ce soldat inconnu, être une femme…
Nominis associe aussi, à ce jour et à ce « saint », la fête des Théoxane, considéré comme prénom mixte qui, s’il est relativement rare, existe bien puisqu’il est apparu et a été attribué environ 100 fois en France depuis la fin des années 1980, essentiellement comme prénom féminin… En cherchant sur internet, on voit que ce prénom, peu utilisé en France, sauf récemment , l’est par contre dans d’autres pays depuis fort longtemps…
Théoxane ou Xénia ?
Le livre « Tous les prénoms » de Jean-Maurice Barbé publié le 1er janvier 1994 par les Éditions Jean-Paul Gisserot, qui répertorie 8.000 prénoms français et régionaux, cite lui Théoxana avec pour dérivés, Théoxane, Théoxena, Théoxène et signale que ces prénoms peuvent être fêtées avec les Xénia… Tiens, tiens…On découvre aussi dans ce livre que sainte Xénia, fêtée le 24 janvier (tiens, tiens…), était l’épouse d’un libertin, à Saint-Petersbourg en Russie. Devenue veuve, Xénia met les vêtements de son mari et, pour expier à sa place sa vie de débauche, elle s’adonne aux plus grandes austérités en adoptant le mode de vie des « fols en Christ ». Elle meurt en étant revenue une seule fois à la cour de Saint-Petersbourg, au début du XIXème siècle, après avoir été sollicitée pour soigner le tsar blessé lors d’un attentat. Une église lui serait dédiée à Saint-Petersbourg.
Xénia ou Ksenija Grigorievna ?
Nominis, confirme l’existence de sainte Xénia : il s’agit de Ksenija ou Xénia Grigorievna « …mariée à un brillant colonel de la garde impériale de Saint-Petersbourg. Elle menait une vie aisée et mondaine au sein de l’aristocratie impériale. Le décès de son époux changea totalement sa vie. Elle décida de simuler la folie pour s’offrir avec résignation à l’image du Christ, en sa Passion, aux moqueries et aux mauvaises farces des garnements. Sans gîte, pieds nus, revêtue été comme hiver de haillons bariolés, elle n’acceptait l’aumône que pour la redistribuer aux pauvres. Peu à peu les habitants reconnurent sa sainteté et cherchèrent ses conseils. Grande fut alors son influence et sa renommée de sainteté. Elle s’endormit dans le Seigneur, en 1806, à l’âge de 71 ans et sa sépulture fut l’objet d’un véritable culte. Le tsar Alexandre III ayant été très gravement atteint lors d’un attentat au XIXème siècle attribua sa guérison à sainte Xénia qu’il avait priée. Elle fut canonisée en 1987 par le patriarcat de Moscou. ».
Par contre, pour Nominis, sa date de fête n’est pas le 24 janvier mais le 6 février !
Martyrs et Saints connaît-il sainte Ksenija Grigorievna ?
Oui ! On apprend que c’est une sainte mystique de l’église orthodoxe russe fêtée le 24 janvier : « Née vers 1720, Ksenya dite Xénia ou Ksenia appartenait à une famille aisée. Elle connut une jeunesse agréable, mais alors qu’elle avait 26 ans, son mari, colonel et membre du chœur du tsar, mourut brutalement. Ne pouvant se remettre de son malheur, Ksenya donna tous ses biens aux pauvres et commença à mener la vie d’errante d’une « yurodivyi ». Les « yurodivy » étaient des vagabonds qui passaient leur vie en prières, possédaient le don de prophétie et n’hésitaient pas à dire la vérité, même aux puissants. Incarnant une sainteté anti-institutionnelle à une époque où l’Église était en crise (Pierre le Grand avait aboli le patriarcat et soumit l’Église au pouvoir politique), Ksenya représentait une résistance sur un mode féminin et prophétique. Elle n’était rien qu’elle-même et déguisait sa vie spirituelle sous des aspects de folie » et puis donne une autre version : « Veuve d’un libertin notoire, Ksenya mit les vêtements de son mari et s’adonna aux plus grandes austérités afin d’expier à sa place sa vie de débauche. Puis elle adopta le mode de vie des « fols en Christ », un courant mystique russe, au début du XIXème siècle, à Saint-Petersbourg. Sollicitée, elle revint une fois à la cour pour soigner le tsar blessé lors d’un attentat. Ksenya mourut à l’âge de 71 ans. ». Et Martyres et Saints ajoute : « En février, les pèlerins russes se pressent sur la tombe de cette sainte orthodoxe pauvre et folle en Christ à Saint-Petersbourg, qui au XIXème siècle, donna ses biens aux pauvres pour mener une vie d’errance. Une église est dédiée à sainte Xénia à Saint-Petersbourg. ».
24 janvier ou 6 février ?
Tiens …amusant, signalée le 6 février par certaines sources et le 24 janvier par d’autres : n’y aurait-il pas concordance entre une date calendrier julien toujours en usage par l’église orthodoxe russe et la date du calendrier grégorien ? Et paf le saint ! Au 6 février du calendrier grégorien correspond effectivement le 24 janvier du calendrier julien ! Mais, dans ces conditions, saint Théoxane ne peut pas être sainte Ksenija Grigorievna puisque celle-ci est fêtée le 6 février du calendrier grégorien…
Il y’a d’autres saintes Xenia !
On apprend par Martyrs et Saints qu’il y a aussi 2 autres saintes Xenia :
- sainte Xenia, martyre de l’église grecque orthodoxe née à Kalamata en Grèce en 291 et morte à une date inconnue, fêtée le 3 mai,
- sainte Xenia ou encore Xeni, Xène ou Xena, dite la Miséricordieuse, abbesse près d’Halicarnasse, aujourd’hui Bodrum en Turquie, morte en martyre avec ses 2 jeunes servantes en 450 et fêtée le 24 janvier par l’église orthodoxe grecque (qui n’utilise plus le calendrier julien …mais le calendrier grégorien depuis longtemps…) !
Ces 2 saintes semblent distinctes, car il est peu probable que Xenia née en 291 à Kalamata soit morte en 450 ! Quoique, avec ces saints et saintes des débuts du christianisme, on peut s’attendre à tout…
Wikipédia répertorie de son côté :
- sainte Xénie dite de Saint-Petersbourg, morte vers 1803, ascète folle en Christ fêtée le 24 janvier, qui est en fait sainte Ksenija Grigorievna,
- sainte Xénie dite de Mylassa, ermite en Carie, morte au Vème siècle et fêtée le 24 janvier, qui n’est autre que sainte Ksenia la Miséricordieuse.
Mais Wikipédia ne donne comme référence que Nominis et en se trompant en plus sur la date grégorienne de fête de sainte Ksenija Grigorievna mais en ajoutant qu’elle est fêtée également le 11 septembre…
Sainte Ksenija Grigorievna : fêtée le 6 février ou le 11 septembre ?
Ah tiens …voyons voir. Le site Orthodoxologie dit que sainte Ksenija de Saint-Petersbourg a été canonisée et est fêtée le 6 février mais est morte et est également fêtée le 24 septembre… Hors le 24 septembre du calendrier grégorien correspond au 11 septembre du calendrier julien ! Donc Wikipédia s’est pris les pieds dans le tapis car les dates qu’il donne pour sainte Ksenija de Saint-Petersbourg sont exprimées en date julienne et non grégorienne !
Alors, finalement, c’est qui saint Théoxane ?
Bon, on se retrouve avec une seule sainte fêtée le 24 janvier du calendrier grégorien : sainte Xenia la Miséricordieuse. On peut donc penser raisonnablement que c’est elle le fameux saint Théoxane qui aurait changée de sexe en se voyant affublé du préfixe Théo !
Coïncidence amusante : Xenia la Miséricordieuse dut se déguiser en homme pour échapper au mariage qui lui était promis à Rome et garder sa virginité qu’elle voulait consacrer à Dieu !
Il semble par ailleurs peu probable que le préfixe grec Théo ait été ajouté au XIXème siècle au prénom slave Ksenija …quoique… Par contre, l’apparition des Théoxane à la fin des années 1980 en France est peut-être liée à la publicité faite au prénom Xénia suite à la canonisation de cette sainte orthodoxe, le 6 février 1988 !
Mais on ne peut pas non plus écarter qu’il a existé un saint Théoxane qu’on finira peut-être par déterrer un de ces jours !
En tous cas, peu importe : il semble effectivement légitime de fêter les Théoxane et prénoms dérivés le 24 janvier avec sainte Xenia la Miséricordieuse si on utilise le calendrier grégorien ou le 11 janvier si on utilise le calendrier julien !
À noter que Theoxenia ou Theoxena est un nom très courant en Grèce porté notamment par de nombreux hôtels ! Normal puisque Theoxenia, qui signifie « hospitalité de l’étranger » en grec, est un concept grec très ancien évoqué par Homère (VIIIème siècle avant JC) dans L’Iliade et L’Odyssée !
Mots-clefs : L'éphéméride
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