Halloween : toute une histoire !

Le soir du 31 octobre, c’est Halloween, comme d’habitude… depuis plus de 2.500 ans !

Même nos fidèles amis Colley s’y mettent !

En effet, d’après les recherches archéologiques et les données historiques, Halloween tire ses origines d’une fête celte appelée Samain (ou également Samhain ou encore Samonios).

Les Celtes
On ne sait pas encore aujourd’hui avec certitude quand et comment les Celtes (des Indo-Européens) sont venus s’installer en Europe de l’Ouest. Deux théories s’affrontent, la théorie classique et celle des migrations.

Pour la théorie classique, les Celtes seraient issus d’une peuplade indo-européenne néolithique qui était implantée à l’est de la Turquie au IXème millénaire avant J.C. et qui se serait développée puis aurait migrée progressivement avec le développement de l’agriculture : vers 7.000 avant J.C. en Europe de l’Est, puis vers 6.000 avant J.C. dans l’ouest méditerranéen, vers 5.400 avant J.C. en Europe centrale, et vers 3.000 avant J.C. en Europe occidentale.

Pour la théorie des migrations, les Celtes, implantés vers 4.000 avant J.C. en Europe orientale, seraient venus par vagues successives en Europe centrale puis occidentale au cours du IIème millénaire avant J.C. et seraient arrivés en Gaule vers 1.200 av J.C.

La seule certitude historique, c’est qu’au Vème siècle avant J.C., l’Europe centrale et la Gaule était peuplée de Celtes… Le terme Celte est en effet utilisé par Hécatée de Milet vers 500 avant J.C puis par Hérodote vers 450 avant J.C. Ce nom proviendrait de l’indo-européen keletos (rapide) ou kel-kol (habitant, colon). Le terme Galate (ceux d’ailleurs, les envahisseurs) apparaît dans la littérature grecque en 279 avant J.C. Il faut dire que l’expansion maximale des Celtes en Europe se produit aux IVème et IIIème siècles avant notre ère :
- vers 450 avant J.C., les Celtes occupent l’ensemble de la vallée du Danube, les Alpes et l’ouest de l’Europe des Pyrénnées jusqu’au Rhin ;
- vers 390 avant J.C., les Gaulois de la tribu des Sénons pénètrent en Italie du Nord et assiègent la ville étrusque de Clusium (Chiusi) ;
- en 387 avant J.C., les romains ayant pris parti contre les Celtes, ces derniers lèvent le siège de Chiusi, infligent une cuisante défaite aux Romains , pénètrent dans Rome qu’ils incendient (à l’exception du Capitole) puis une partie de ces guerriers gaulois s’implante dans l’Italie du Nord ;
- en 281 av JC, 3 armées celtes pénètrent en Grèce, en Thrace et en Macédoine : Delphes est pillée en 279 av J.C. mais l’hiver et la maladie obligent l’armée gauloise à se replier en Macédoine ;
- au IIIème siècle avant J.C., les Celtes occupent également la moitié ouest de la péninsule ibérique puis, au IIème siècle avant J.C., la totalité de la Grande-Bretagne et de l’Irlande.

Le terme Galli, traduction romaine de Galate, apparaît en 168 avant J.C. sous la plume de Caton l’Ancien.

Ils sont fous, ces Celtes !En tout cas, quel que soit le nom employé, les auteurs grecs et latins s’accordent pour décrire ces peuples cultivateurs comme des barbares armés de longues épées qui chevauchaient de petits chevaux très rapides, torses nus et casqués pour impressionner leurs ennemis…

Les Celtes n’étaient cependant pas que des agriculteurs belliqueux mais aussi des peuples férus de connaissances accumulées et transmises par leurs druides que Jules César a décrit comme des gens qui « …, discutent d’abondance sur les astres et leur cours, sur la grandeur du monde et de la terre, la nature des choses… ».

Par contre, la religion des Celtes ne leur permettait pas de confier à l’écriture ces connaissances : la transmission du savoir se faisait donc oralement ; chaque druide passait ainsi plus de 20 ans d’apprentissage à acquérir le savoir en apprenant des vers par cœur… Ce qui explique le peu de connaissances historiques transmises par nos ancêtres les Gaulois… Pourtant, les Celtes savaient écrire, y compris le grec puis le romain, mais ne se servaient de l’écriture que pour les comptes publics et privés.

Le calendrier et les fêtes Celtes
Bon en tous cas, les Celtes utilisaient un calendrier luni-solaire, probablement hérité de celui des Babyloniens, tout comme le calendrier hébraïque… et qui faisait une large place à des concepts dignes du Yin et du Yang : le jour et la nuit, la lumière et l’obscurité, la vie et la mort, la prospérité et la rigueur, le chaud et le froid…

Et, experts en science des astres et agriculteurs avertis, tout laisse à penser qu’ils ponctuaient leurs années composées de 12 ou 13 mois eux-mêmes constitués de 29 ou 30 jours, de 8 fêtes espacées chacune d’environ 45 jours : 4 liées aux solstices et aux équinoxes et 4 autres basées sur le rythme des saisons et des activités agricoles. Il s’agissait de :
- Samain (la « Réunion »), vers notre 1er novembre,
- Alban Arthan (le solstice d’hiver, temps précurseur de la renaissance après la mort), notre 22 décembre,
- Imbolc (la « Lustration », dédiée à Brighid, leur déesse-mère symbole de la vie), vers notre 1er février,
- Alban Eilir (l’équinoxe de printemps, temps de retour de la vitalité, de la joie et du bonheur), notre 21 mars,
- Beltaine (le « feu de Bel » dédié à Belénos, le Dieu soleil suprême et du feu éternel – un demi-frère du Bâl proche oriental ? ou encore de Belzébuth ? -), vers notre 1er mai,
- Alban Hefin (le solstice d’été, symbole de la plénitude), notre 21 juin,
- Lughnassad (« l’Assemblée de Lugh », dédié à Lugh, leur Dieu de la Lumière, symbole de paix et de prospérité), vers notre 1er août,
- et Alban Elfed (l’équinoxe d’automne, jour de remerciement à la Déesse-mère pour les fruits qu’elle nous procure), vers notre 22 septembre.

Samain marquait le passage d’une période de lumière et de prospérité à celle de la nuit et de l’arrêt des activités agricoles et guerrières et, pendant 3 à 15 jours autour de cette date clef de l’année, se produisait la réunion de ce qui était de ce « Monde », celui des vivants, et de ce qui était de « l’Autre-Monde », celui des Dieux et des morts de l’année précédente.

Cette période correspondait à de grandes cérémonies, sous la direction des druides, associées à des réjouissances et des ripailles et, venue la nuit de Samain (Oíche Shamhna), les druides honoraient la déesse-mère pour la remercier du soleil et de la récolte et pour lui demander de la force pour passer l’hiver à venir.

Pour symboliser cette transition, tous les feux des maisons étaient éteints ce soir là et les druides en faisait de même pour le feu sacré qu’ils entretenaient ; le lendemain, les druides rallumaient le feu sacré grâce à leurs petits secrets, et chaque chef de famille recevait une braise pour lui permettre de rétablir les foyers de sa demeure jusqu’au Samain suivant.

Cette période, point de rencontre entre ce Monde et l’Autre-Monde, était évidemment l’occasion de la rencontre des vivants avec les morts récents, les dieux et les esprits… Certains considèrent que c’est ainsi que seraient nées la pratique de dépôts d’offrandes aux portes des foyers, pour s’attirer la bienveillance des occupants de l’autre monde, et aussi celle de se grimer ou de porter des masques et de s’affubler de déguisements pour ne pas être reconnus, au cas où certains esprits ou défunts auraient voulu profiter de cette nuit pour régler des vieux comptes non soldés…

L’influence romaine puis du christianisme…
Sous l’occupation romaine, le Samain, fêté par les Celtes, intégra les pratiques des feralia, célébrations en vigueur au mois d’octobre chez les Romains pour fêter leurs morts : à cette période, les tombes devenaient le rendez-vous de culte à la place des temples et on les couvrait de fleurs, d’épis, de sel, de pain trempé dans du vin…

Par la suite, la montée en puissance du christianisme en Europe à partir du IVème siècle, conduisit à mettre fin aux fêtes paiennes celtes ou gallo-romaines ; Charlemagne fût notamment un ardent artisan en ce sens en Europe continentale… C’est ainsi qu’au fil du temps des fêtes et des cérémonies chrétiennes réussirent à mettre fin aux fêtes païennes celtes en s’y substituant : la chandeleur, Pâques, la Saint-Jean, la Toussaint et la fête des morts et Noël…

Un foyer de résistance celte : l’Irlande…
L’Irlande, en dépit de sa christianisation par saint Patrick, ainsi que la Grande-Bretagne, résistèrent à cette christianisation des fêtes celtes, probablement à cause de leur plus grand éloignement de l’église romaine ; ainsi, des pratiques héritées de Samain ont subsistées en Irlande et en Grande-Bretagne jusqu’à nos jours…

Quelques pratiques continuèrent également à exister régionalement en Europe continentale jusque dans la première moitié du XXème siècle, notamment dans le nord-est de la France (voir par exemple le témoignage de Marie née en 1907 en Lorraine…).

L’arrivée de Jack O’Lantern…
Jack était un forgeron irlandais qui aimait bien lever le coude… Et, une nuit de Samain, il troqua son âme au diable en échange d’un dernier verre… Satan tout satisfait de récupérer un client se transforma illico en pièce sonnante et trébuchante pour payer cette dernière tournée ! Mais Jack glissa rapidement cette pièce diabolique dans une poche dans laquelle il conservait une croix : le diable se trouva ainsi emprisonné dans la pièce et Jack le délivra contre la promesse qu’il ne réclamerait pas son âme avant 10 ans … et partît bien évidemment sans payer le tavernier !

Dix ans plus tard, le diable était au rendez-vous… Jack le supplia alors d’accepter, comme dernière volonté, de l’aider à voler une pomme en montant sur ses épaules, comme ultime pêché… Mais, une fois le malin sur ses épaules, Jack sortit son couteau, grava vivement une croix sur le tronc du pommier et se déroba, laissant le diable accroché à une branche : il lui fît alors promettre, pour le libérer, de ne plus jamais lui demander son âme…

Jack mourut, 10 ans plus tard : il ne fut évidemment pas admis au paradis à cause de son penchant pour la bouteille, de son avarice et de ses tromperies… Mais lorsqu’il toqua aux portes de l’enfer, le diable qui avait promis de ne jamais s’emparer de son âme ne pût l’accueillir et le renvoya donc sur Terre. Plongé dans la nuit noire de Samain, Jack supplia le diable de lui donner un peu de lumière pour qu’il trouve son chemin et le malin, bon diable malgré tout (?), daigna lui lançer un charbon ardent tiré du feu de l’enfer.

Jack O’Lantern, c’est nous !Pour éviter que ce tison enflammé, son seul secours pour la nuit des temps, ne s’éteigne, Jack creusa un navet et y plaça le tison pour le mettre à l’abri des mauvais vents… Et depuis, Jack, devenu Jack à la Lanterne (Jack O’Lantern), symbole des âmes damnées, erre dans les ténèbres, sa lanterne à la main, en espérant qu’il pourra quitter la Terre, le jour du jugement dernier… C’est du moins ce que narra un conte écrit pour la première fois en 1750…

Par la suite, Jack O’Lantern émigrant d’Irlande vers l’Amérique du Nord troqua son navet contre une citrouille car des navets, il n’y en avait guère par là bas, alors que des citrouilles…

…et la naissance d’Halloween !
C’est en effet, les Irlandais qui, émigrant massivement vers le Nouveau-Monde dans les années 1850 pour fuir les famines qui ravageaient l’Irlande, emportèrent Jack O’Lantern dans leurs bagages en troquant cependant le navet contre une citrouille ! On ne peut les blâmer car il est sage de bien savoir utiliser les ressources locales (et, comme on le verra plus loin, ça contribue au développement durable…) !

Tant qu’à faire, on troqua le vieux nom celte de Samain contre celui d’Halloween, contraction d’All Hallows Evening, c’est à dire la veille de la fête de tous les saints… Et petit à petit, Halloween acquit pratiquement en Amérique du Nord un statut de fête nationale en gardant le symbole de la citrouille lanterne, des présents offerts pour se préserver des mauvais esprits, des mascarades pour ne pas donner prise aux démons et aux sorcières et, bien entendu, des ripailles, notamment de citrouille ; d’ailleurs, ça tombe bien car c’est de saison et, avec Thanksgiving tout proche, ça permet de finir de manger les restes de ces courges au Canada ou de se mettre en bouche aux USA !

Trick or Threat… Tu payes ou tu as un sort !
Les enfants, descendants de Celtes ou non, profitant de la peur des mauvais esprits par les adultes et qui avaient apparemment conservé dans leurs gènes la tradition de faire des coups pendables la nuit de la veille de la Toussaint (voir témoignage de Marie), saisirent assez rapidement l’opportunité offerte par la nuit de la Réunion en extorquant des friandises aux adultes en se faisant passer pour des mauvais petits diables accompagnés de Jack O’Lantern et d’un cortège de sorcières, de chauve-souris, d’araignées, de fantômes, de chats-noirs et autres démons et créatures du malin en proposant aux adultes apeurés de leur fournir des sucreries en échange de la mansuétude des forces du mal…

Trick the croquettes or threat !Ce chantage (« m’en fous, les aurais quand même les bonbons ») a acquis un statut officiel aux Etats-Unis dans les années 1930, probablement avec l’appui des confiseurs, marchands de farces et attrapes, costumiers, dentistes et marchands de dentifrices, de brosses-à-dents, de citrouilles et de lampions pour faire face à la récession qui les frappaient alors que les fleuristes faisaient choux-gras à la Toussaint…

Le débarquement d’Halloween…
Et c’est ainsi que le Samain celte a redébarqué en Europe continentale dans le courant des années 1990, ressuscité sous les traits de l’Halloween nord-américain !
Et vous trouvez-ça drôle ?

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