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Calendrier chinois : la fête du Printemps ou nouvel an chinois

Posted By René de la recette du dredi On 27 janvier 2011 @ 18:24 In L'éphéméride | No Comments

Chunjié (春节), la fête du Printemps, plus connue en occident sous le nom de nouvel an chinois (农历新年) nónglì xinnián, la fête du Têt vietnamien, constitue la plus importante fête traditionnelle non seulement en Chine et dans la plupart des pays d’extrême-orient mais aussi pour tous les chinois et extrêmes-orientaux, où qu’ils vivent dans le monde…

La date de cette fête, premier jour du premier mois lunaire du calendrier chinois [1], correspond au jour de la deuxième nouvelle lune suivant le solstice d’hiver ; selon les années, ça peut donc aller du 21 janvier au 21 février inclus du calendrier grégorien. Bon, de 1645 à 2945, un nouvel an chinois un 21 février est chose rare : en 1.300 ans de coexistence des calendriers chinois et grégorien tels qu’on les pratique aujourd’hui, le nouvel an chinois ne se produit qu’une fois à cette date, en l’an 2319 grégorien ! Les autres dates sont plus fréquentes…

En l’an 2011 du calendrier grégorien, le nouvel an chinois a lieu le 3 février 2011 et ouvre l’année 4648 ou 4708 du calendrier chinois qui est une année du lièvre (ou du lapin) de métal et qui prendra fin le 22 janvier 2012. Au Vietnam, ce sera une année du chat et non du lièvre ou du lapin, car, dans l’horoscope vietnamien, le minou remplace le lagomorphe !

Une tradition initiée par des clans familiaux agricoles…
Il y a fort longtemps, entre la fin de l’hiver et le début du printemps, des clans chinois prirent habitude de tenir de grands rassemblements où les participants apportaient des produits de chasse, de pêche et de terre qu’ils consacraient aux dieux et aux ancêtres pour les remercier des bienfaits accordés par la nature.

Après la cérémonie, ils partageaient les offrandes, mangeaient, dansaient et chantaient.

Au début, cette célébration n’était pas régulière mais elle l’est devenue, au plus tard sous la dynastie Shang entre le 17ème au 11ème siècles avant notre ère, pour célébrer la fin de l’année passée et l’arrivée du nouvel an.

Les us et coutumes des 56 ethnies chinoises diffèrent mais les dates associées à la fête du Printemps dans les minorités ethniques sont les mêmes ou proches de celles de l’ethnie majoritaire Han qui, avec environ 92% du peuple Chinois, représente aujourd’hui près de 1,3 milliards d’individus…

Un nouvel an qui s’étend sur près de 40 jours !
Dans la tradition, on commence à se préparer à l’arrivée du printemps et du nouvel an le 8 du 12ème mois lunaire chinois (le 11 janvier en 2011) : ce jour-là, il est d’usage de faire une bouillie avec du riz glutineux, du millet, des jujubes, des graines de lotus, des haricots rouges, des pulpes de longans et des graines de ginkgo.

Puis ça prend sérieusement forme à partir du 23 du 12ème mois lunaire chinois (le 26 janvier en 2011), le « petit nouvel an ».

Dans le passé, chaque famille procédait ce jour-là à la cérémonie d’adieu au Génie du Foyer qui partait au ciel pour présenter son rapport annuel à l’Empereur de Jade sur les bonnes et les mauvaises actions de la famille pour l’année écoulée. Pour obtenir les bonnes faveurs du Génie, il est recommandé de disposer devant son image placardée dans la cuisine de nombreux dons alimentaires : les Chinois, gens prudents, offrent généralement des sucreries bien collantes, genre Carambar, pour empêcher le Génie d’ouvrir la bouche et dire du mal devant l’Empereur de Jade…

Mais, cette coutume se perd et la plupart des familles se contentent désormais de préparer un repas copieux qu’elle dégustent à elles seules, sans leur Génie…

Une fois le Génie du Foyer parti, on brûle son portrait qui sera renouvelé à son retour, et les travaux de préparation du nouvel an commencent : on entreprend « une grande lessive et un grand nettoyage de printemps » dans la maison. Une fois celle-ci bien propre, on décore les chambranles des portes de sentences parallèles calligraphiées sur papiers rouges qui expriment les vœux des maîtres de maison au bonheur ; sur la porte d’entrée, on affiche le portrait du dieu gardien du Foyer ou du dieu de la Fortune ou encore « le caractère chinois renversé du bonheur » : 倒福字, qui signifie l’arrivée du bonheur (福气), et on suspend deux lanternes rouges (大红灯笼) de chaque côté de l’entrée de la maison ; on place aussi des papiers découpés sur les fenêtres et des peintures de couleur vive aux murs… Et la réserve de riz est surmontée d’un écriteau portant les mots « Toujours pleine ! ».

En parallèle, il faut faire les courses avant que tout ne soit fermé : on achète le riz, la farine [2] de blé, les poulets, les canards, les poissons, la viande [3], les fruits, les bonbons et les gâteaux qui permettront de fêter le changement d’année et aussi des nouveaux vêtements pour les enfants et des cadeaux pour les parents et les amis.

La veille du nouvel an chinois et les 3 jours qui suivent sont officiellement jours fériés en Chine. Mais, dans de nombreuses branches d’activité, c’est toute la première semaine du nouvel an qui est réservée exclusivement aux fêtes : les seuls établissements ouverts durant cette période ne sont le plus souvent que les théâtres et les restaurants…

Le passage au nouvel an est jour privilégié pour réunir tous les membres d’une famille et les personnes qui s’en sont éloignées rentrent autant que possible au pays natal. Ainsi, chaque année en Chine, pendant la dizaine de jours qui précède le nouvel an, des foules affluent dans les gares, les stations d’autocars et les aéroports.

Le réveillon chinois
Le soir de la veille du nouvel an est le moment le plus important : tous les membres présents de la famille se rassemblent pour dîner, en principe chez les plus anciens ; des places vides sont réservées pour ceux qui n’ont pas pu venir. Le repas est beaucoup plus copieux que celui des jours ordinaires…

Poulet et fromage de soja sont des mets indispensables car de bon augure qui assureront l’excédent de grains et d’argent pour l’année à venir.

Du poisson aussi parce que le mot poisson sonne comme abondance : il faut le servir avec la tête et la queue pour assurer un bon début et une bonne fin et éviter le mauvais sort toute l’année. Et puis aussi ne pas le manger en totalité pour garantir qu’il y aura du surplus toute l’année !

Et puis du jai, un plat de légumes porte-bonheur pour se purifier : algues pour la prospérité, graines de lotus pour avoir des enfants, des nouilles très longues pour la longévité et des champignons noirs pour que les vœux soient satisfait de l’ouest jusqu’à l’est. Des légumes verts à longues feuilles aussi et des haricots verts entiers pour que les parents aient une longue vie.

Du pamplemousse, gros fruit rond à la couleur éclatante symbole de réussite et de prospérité, des oranges car les mots or et orange sonnent pareil en chinois et des mandarines parce que le mot mandarine rime avec chance.

Mais attention à ne pas servir ou présenter les mets par 4, chiffre symbole de malheur et de mort…

Par contre, le 8 est porte-bonheur et sert à concevoir le plateau à compartiments de l’amitié, constitué avec des friandises de bon augure de forme ronde ou octogonale : kumqats séchés pour la prospérité, morceaux de noix de coco pour l’amitié, longans ou œils du Dragon (龙眼), petits fruits proches des litchis, pour avoir beaucoup de garçons, graines de melon rouge pour le bonheur et autres gâteries pour avoir une vie douce toute l’année.

Et puis, côté dessert, pour ceux qui ont encore un petit creux, il y a le nián gāo, un Christmas pudding en plus riche, plus dense et plus collant… Si, Si, apparemment, ça existe ! Bon, il vaut mieux se garder une petite place pour ce pudding car gāo signifie gâteau mais aussi grandir et en manger constitue un gage de croissance !

Après le dîner, en digérant, on bavarde en attendant l’arrivée de la nouvelle année, on joue au mah-jong mais aussi surtout de nos jours on regarde d’une oreille distrète la soirée de gala de la chaîne nationale de télévision…

Et c’est parti pour un nouvel an !
Le lendemain matin, il faut se lever dès l’aurore et s’habiller de vêtements de fête, et autant que possible avec du rouge ; c’est pour commencer le moment sacré où l’on brûle l’encens en hommage aux ancêtres décédés puis on adresse ses salutations à ses parents. Les adultes donnent à leurs enfants non mariés des petites enveloppes rouges, les hóng bāo (红包), souvent ornées de motifs (lièvres, dragon, tigre, buffle, carpe koï, vœux calligraphiés, …) qui contiennent un peu d’argent qui leur portera chance toute l’année.

Cette tradition des hóng bāo remonte à la dynastie Song qui a régné de 960 à 1279 : un village était terrorisé par un démon que les plus grands guerriers ne parvenait pas à vaincre. C’est un jeune orphelin armé d’un sabre magique hérité de ses ancêtres qui finit par réussir à tuer ce démon malveillant …et, pour le récompenser, les plus vieux habitants du village lui offrirent de petites enveloppes rouges garnies d’un peu d’argent, les premiers hóng bāo…

Pour le premier repas de l’année, on mange des jiaozi, raviolis, dans le nord de la Chine car leur forme ressemble aux antiques lingots d’or et parce que jiaozi (或者) signifie aussi « adieu à l’année qui s’achève et accueil de l’année qui arrive » ; au sud, on mange plutôt des gâteaux de riz glutineux dont le nom chinois signifie « tout va mieux d’année en année ».

Bien entendu, le premier jour de l’année, il faut éviter tous conflits et disputes sinon ça va pas le faire pour toute l’année…

Du 1er au 5, on rend visite aux autres parents, aux amis, aux collègues pour présenter ses vœux de bonne année et échanger des cadeaux.

La vie économique commence à reprendre le 7ème jour du nouvel an, mais l’ambiance festive continue en fait jusqu’à la fête des Lanternes, le 15ème jour du premier mois de l’année !

Attention, il y a guò nián et guò Nián…
« Guò nián » ça signifie « passer le nouvel an » car nián c’est l’année et guò c’est le verbe passer… Mais, selon une très vieille légende, dans des temps reculés où les hommes n’avaient pas la conscience des années, le Nián était un animal féroce au corps de taureau et à la tête de lion qui vivait dans les montagnes en dévorant de petits animaux. A la fin de l’hiver, le gibier [4] se faisant rare, le Nián quittait son antre pour se nourrir des animaux domestiques et des êtres humains des villages voisins… Aussi, de peur de sa férocité, en fin d’hiver les villageois fuyaient les villages pour « se tenir à l’écart du monstre Nián » (ce qui en chinois se dit « guò Nián » !).

Et puis un jour, les villageois s’aperçurent que Nián redoutait trois choses : le rouge, le feu et le bruit.

Et depuis, pour passer le nouvel an tranquillement chez soi sans craindre le Nián, on place des décorations rouges dans et autour de la maison et on allume des lampions rouges à la porte d’entrée des maisons et un peu partout dans les villages et les cités…

Bon, du côté couleur rouge et feu, ça c’était bon… Mais pour plus de sûreté, il fallait faire aussi du bruit… Au début, les villageois tapaient sur des bambous (et autre tambours) pour faire un bruit assourdissant et repousser le monstre. Puis un petit malin jeta un jour un morceau de bambou dans le feu ce qui produisit une explosion ! Ça faisait coup double : feu et bruit… et en plus c’était moins fatigant que de taper pendant des jours et des jours sur des casseroles !

Et puis les Chinois finirent par inventer la poudre …et les pétards (鞭炮) remplacèrent les bouts de bambous jetés au feu …mais tout en continuant à reproduire la forme du bambou pour ne pas rompre complètement avec les traditions !

Et c’est pourquoi les Chinois font désormais éclater moultes pétards forts sonores pour que la nouvelle année apporte paix et bonheur !

Depuis quelques années, suite à des incidents et à la pollution causée par les bruits et la fumée, le lancement des pétards a été interdit ou limité dans certaines villes…. Qu’à cela ne tienne : les Chinois qui se sont mis aux nouvelles technologies fabriquent des ersatz électroniques de pétards qui font du bruit et de la lumière sans feu ni fumée ! On diffuse également dans des hauts-parleurs des bruits de pétards enregistrés sur des cassettes ou on fait éclater des ballons ! Car il est hors de question de laisser revenir rôder le Nián en ne faisant pas de chambard !

La fête du Printemps se termine le jour de la fête des Lanternes…
Pour célébrer la nouvelle année, une atmosphère chaleureuse règne non seulement dans toutes les familles mais également dans les rues, pendant 2 semaines, jusqu’à la pleine lune qui suit.

Des danses des lions et du dragon (symboles de noblesse, de bravoure et de chance) sont organisées, on flâne au marché aux fleurs, on va à la foire…

Et les animations durent ainsi jusqu’à la fête des Lanternes, le 15 du 1er mois lunaire (soit le 18 février, en 2011 du calendrier grégorien).


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